Abécédaire du créateur d’entreprise

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L’abécédaire du créateur d’entreprise

Etre créateur d’entreprise c’est entrer dans un nouveau monde que l’on a imaginé, idéalisé ou craint et qui a ses propres règles. Il va falloir les apprendre et elles vont vous pousser à reconsidérer votre projet, le développer, ou l’abandonner pour mieux rebondir

Je vous propose un abécédaire non exhaustif qui vous permettra de partager ma vision de certaines notions de l’entreprise et qui, je l’espère, vous éclairera sur certains points.

Le capital

Avant d’être un « gros mot » il s’agit du don que les créateurs font à leur entreprise pour qu’elle commence dans la vie.

Vous pouvez faire le parallèle avec les parents qui financent leur enfant pour qu’il commence dans la vie le temps qu’il devienne autonome. En donnant trop peu il n’aura pas le temps de devenir autonome. Il dormira sous les ponts avant d’avoir touché son premier salaire.

Le capital doit être adapté aux moyens nécessaires afin que la société puisse commencer à être autonome par son activité. Il faudra un capital capable de couvrir les premiers frais et décaissements nécessaires au démarrage de l’activité. (Dépôt de caution de loyer, premiers loyers, premiers moyens de production (achat ou location), premier stock, premiers salaires, …

Bien sûr d’autres moyens de financements sont possibles tels que les emprunts bancaires ou les crédits fournisseurs mais ils sont difficiles à obtenir pour une jeune entreprise.

Les associés devront prêter eux même le complément nécessaire et ne récupèrerons ces fonds que lorsque la trésorerie le permettra.

Le chiffre d’affaires

Il s’agit de vos ventes. Il correspond à ce que vous demandez à votre client en échange de vos services et/ou livraisons de biens. Le montant du chiffre d’affaires n’est qu’un indice de votre activité. Vous revendez des coûts et de la valeur ajoutée. Les entreprises de services revendent des salaires et de la valeur ajoutée alors que l’industrie ajoute des matériaux, l’usure de moyens de production, du marketing. Ainsi les chiffres d’affaires de secteurs d’activité différents sont difficilement comparables. De même une activité commerciale consistant à revendre une marchandise dans un secteur low cost ou de luxe n’aura pas la même marge et ne nécessitera pas forcément le même volume de ventes pour être rentable.

Chiffre d’affaires TTC ou HT ?

Vos ventes sont valorisées  hors taxes (Hors TVA) mais vous êtes chargé par l’Etat de demander à votre client de payer une TVA en plus. Le client vous paie TTC (toutes taxes comprises) c’est-à-dire avec TVA que l’on vous a chargé de collecter pour le compte de l’Etat.

Attention : Cette TVA payée par votre client ne vous appartient pas. Il faudra en reverser tout ou partie (nous verrons cela plus loin) à l’Etat.

TVA

Acronyme de Taxes sur la Valeur Ajoutée. Vous l’ajoutez à vos ventes pour que les clients vous la paient et elle est ajoutée à vos achats pour que vous la payiez à vos fournisseurs. A chaque échéance de calcul de la TVA à reverser à l’Etat (mois, trimestre ou année) vous reversez le surplus entre la TVA collectée sur vos ventes et celle payée sur vos achats (d’où la notion de taxe calculée sur la valeur ajoutée (ventes moins achats)). Certaines règles et particularités doivent être suivies concernant les taux, les achats donnant droit à la déduction de la TVA qui les a grevés, la date à partir de laquelle on peut déduire et/ou collecter. Le mieux est de laisser faire votre expert-comptable qui vous expliquera les spécificités vous concernant.

Les achats

Il s’agit de prestations ou biens dont vous avez besoin pour votre activité et que vous ne produisez pas vous-même. Vous demandez à une autre entreprise de les faire pour vous et vous les rétribuerez pour un juste prix. Un juste prix signifie le coût engagé par votre fournisseur pour produire ce service avec la qualité requise plus une marge raisonnable. Malheureusement le juste prix n’est pas toujours ce que vous êtes en capacité d’acheter. Malheureusement le marché peut augmenter le prix au-dessus du juste prix parce que d’autres peuvent acheter plus cher.

Ne pas être en capacité de payer le juste prix peut signifier que vous ne vendez pas au juste prix vous-même. Chercher un produit moins cher que le juste prix :

  • c’est porter préjudice à votre fournisseur, et peut-être à terme de vous priver de cette source d’approvisionnement nécessaire à votre activité.
  • C’est accepter une qualité moindre et porter préjudice à votre production (risque de panne, délais plus long, qualité moindre, absence de conseil, …)
  • C’est s’orienter vers d’autres fournisseurs ayant moins de coûts (volumes de production plus important, législation sur le travail moins couteuse) pour produire la même qualité dans les mêmes délais,

Ainsi la jeune entreprise qui veut une qualité minimum pour un loyer, des moyens de production, un stock, un expert-comptable devra s’assurer de ses ressources suffisantes de démarrage (capital) et d’activité (marge générée).

Le juste prix n’est pas trop cher, si vous ne pouvez pas payer c’est que vous n’avez pas les ressources nécessaires. Il faut augmenter vos ressources ou revoir votre business model.

Une charge doit être considérée comme le premier pas vers un produit à venir sinon c’est une perte.

Business model

Il s’agit de l’alchimie de votre activité. La formule mathématique qui va piloter votre entreprise. Vous allez déterminer ce que vous allez vendre et à qui et pour combien, quels seront vos coûts, les délais de paiements clients et fournisseurs, les prestataires à qui vous allez recourir, …

Comme tout ne se passe pas toujours comme prévu et que les environnements bougent (législation, marché, technologies, …), le business model doit être revisité souvent et adapté.

 

Business plan (plan de marche) de la jeune entreprise

Document forcément faux puisqu’aucun élément n’est maîtrisé dans la jeune entreprise. (Je le sais, j’en vends). Mais comme je ne suis pas un escroc je fais de mon mieux pour qu’il soit le moins faux possible.

Le business plan est un document planifiant les ventes, les achats, les coûts de toutes sortes, les investissements, les financements, … pour aboutir à une prévision de flux de trésorerie. Il répond à la question : « Que faut-il faire pour que mon activité ne se retrouve pas en cessation de paiement ? »

C’est l’occasion de « mettre en musique » dans un simulateur d’activité votre entreprise en appliquant votre « business model » et de tester sa faisabilité.

Ce document se présente sous forme de tableau fractionné en périodes les plus courtes possibles (en mois voire semaines pour certaines activités, rarement en années) afin de prendre en compte les effets saisonniers de l’activité.

La résultante de ce travail peut se présenter sous forme d’une courbe de trésorerie qui permettra de visualiser les risques d’insuffisance de trésorerie et d’anticiper un financement ponctuel ou long, de réviser les délais de paiement, de revoir le business model.

Sur une jeune entreprise les premiers mois sont les plus fiables à partir du moment où elle a déjà un carnet de commande, qu’elle maitrise son « process » de production, qu’elle dispose des moyens suffisants pour démarrer et assurer un premier incident. Plus les données sont éloignées dans le temps et plus elles seront soumises aux aléas de décalages de ventes, de paiements.

Ce business plan ce transforme rapidement en outil de gestion dès l’activité entamée. C’est alors l’occasion d’ajuster le business model sur la réalité, de remplacer la prévision des premiers mois par la réalité, de corriger la prévision des mois suivants, d’anticiper sur les décisions éventuelles à prendre.

Cet outil est d’autant plus important que vous avez besoin de consommer des services extérieurs pour produire votre chiffre d’affaires et que vous devez avancer des moyens. On sait souvent mieux ce que l’on va dépenser que ce que l’on va encaisser. Faire un business plan à l’envers peut être plus utile.

Le business plan à l’envers (recherche du point mort)

Vous ne savez pas ce que vous allez faire comme chiffre d’affaires mais vous connaissez vos coûts minimums (loyer, outillage, revenus nécessaires, …)

Pour une TPE cette démarche peut être un bon début car tout le monde ne peut pas se permettre de vivre sans revenus et l’activité ne peut débuter et se pérenniser sans  un minimum de dépenses à un juste prix.

Le business plan à l’envers vous permettra de déterminer le chiffre d’affaires nécessaire pour couvrir tout ces besoins. Ce sera peut-être aussi le moment de vous rendre compte que votre entreprise ne sera pas viable en dessous d’un certain chiffre d’affaires et donc d’un certain nombre d’heures de travail.

J’attire votre attention sur le fait que l’appréciation de vos revenus nécessaires ne doit pas se limiter à la couverture de vos besoins actuels mais doit intégrer une part d’épargne et d’assurances car le chef d’entreprise ne touche pas le chômage et doit anticiper une perte d’activité et ne touchera une retraite qu’en fonction de ce qu’il aura cotisé.

La retraite

Drôle de thème dans l’abécédaire du créateur.

Le chef d’entreprise peut avoir deux statuts (travailleur non salarié « TNS », ou mandataire social).

Il touchera une retraite qui sera fonction de ses cotisations. Si vous choisissez le statut TNS du gérant parce que  les cotisations sont moins chers mais en pensant que la retraite sera la même je vous invite à relire la partie « juste prix » des achats. En d’autres termes moitié moins de cotisations signifie environ moitié moins de retraite. Pour obtenir une retraite supérieure il faut cotiser volontairement dans d’autres plan retraites, opter pour des catégories supérieures de cotisation des retraites complémentaires, racheter des trimestres, …

Le mandataire social cotise comme un salarié pour sa retraite et aura une retraite équivalente.

Quid des retraites de répartitions et des retraites de capitalisations :

A MON AVIS, un gouvernement ne peut sacrifier complétement une population salariale qui a cotisé toute sa vie en les paupérisant. Je pense que des mesures de fiscalisation des revenus de la capitalisation viendront atténuer la déficience de la répartition.

Associé

Il s’agit de la (ou des) personne dont vous avez besoin pour développer votre entreprise. Vous en avez besoin car elle est votre complément. Elle a des qualités ou des moyens que vous n’avez pas. S’associer avec son « jumeau » n’a qu’un intérêt réduit. L’association est souvent comparée à un mariage. Vous passerez plus de temps éveillé au côté de votre associé que de votre époux (se).

Attention l’associé choisi pour ses moyens financiers sera rémunéré pour vous avoir aidé au lancement. Plus il rentrera tôt dans l’aventure et plus il profitera de votre travail mais plus il prendra de risques.

On rencontre souvent des dirigeants qui refusent de distribuer des dividendes car ils considèrent que la rémunération de l’associé qui a mis le capital de départ par les profits issus du travail de l’associé dirigeant sont trop disproportionnés. Il faut y penser dès le départ. Il faut mettre en place des « règles du jeu ».

Si l’association c’est la confrontation et les compromis, c’est aussi éviter des décisions trop personnelles et radicales qui font prendre un risque à l’entreprise.

Compte tenu des occasions de conflits possibles, je vous recommande d’éviter de vous associer avec vos amis ou un membre de votre famille. De même s’associer avec son conjoint, c’est mettre tous ses œufs dans le même panier. Mieux vaut que l’un des deux époux reste dans une activité salariée si c’est possible.

Prévoyance

S’il y a une cotisation sociale facultative à ne pas rater c’est bien celle-ci. Elle vous couvre en cas de handicape, elle couvre votre famille en cas de décès et , avec option, couvre les frais d’études de vos enfants. Le prix est généralement fonction du service alors vérifiez qu’une prévoyance « PAS CHERE » atteint bien les objectifs que vous lui avez fixés.

L’erreur majeure en matière de prévoyance c’est de ne pas en avoir le temps de choisir celle qui sera la meilleure.

Mutuelle

Cotisation souvent facultative pour le dirigeant qui correspond à un complément de remboursement maladie par rapport au régime obligatoire. Si vous êtes seul dans votre entreprise rien ne vous oblige à en contracter une et c’est à vous de faire la démarche. Le prix est généralement fonction du service. Avant de la souscrire, assurez vous que vous n’êtes pas déjà couvert par la mutuelle de votre époux(se).

Temps libre

Vous avez surement déjà entendu :

« c’est bien d’être à son compte parce que vous êtes maître de votre emploi du temps » ou « c’est super, tu vas travailler quand tu veux ».

Ne vous faites aucune illusion, vos revenus seront quasiment toujours proportionnels à votre temps de travail. Apprêtez-vous à devoir travailler plus. Pire votre temps de travail débordera des 9h-18h et lundi-vendredi.

Si, au début, vous n’avez rien à faire c’est que vous n’êtes pas en train de chercher de nouveaux clients, de développer votre outil, de vous former, … de vous préparer pour bien ou mieux traiter votre prochain client.

Si après vous avez trop de travail c’est peut-être le moment de déléguer.

Déléguer

Le chef d’entreprise est vu comme un « chef d’orchestre » et vous allez découvrir qu’à ses débuts, il est plutôt « Homme Orchestre ».

S’intéresser, à tout, pour tout connaitre est une bonne démarche TANT QUE :

  • vous avez le temps,
  • que vous ne devriez pas vous consacrer à des tâches de plus forte valeur ajoutée,
  • que d’autres ne font pas mieux, plus vite que vous.

Quand votre activité sera suffisante il faudra savoir laisser à ceux qui peuvent faire.

Impôts

Encore un gros mot dans cet Abécédaire.

Parlons ici de l’impôt qui va toucher le résultat de votre activité. En fonction des options que vous aurez prises lors de la création l’impôt sera calculé au sein de la société (Impôt sur les sociétés ou IS) ou sera calculé avec vos autres revenus du ménage (Impôt sur le revenu IR).

Dans le premier cas les bénéfices et pertes sont traités à part avec des taux de 15% et 28%.

Dans l’autre cas le résultat (bénéfice ou perte) est aggloméré aux autres revenus du ménage puis soumis au taux progressif. Il peut y avoir un intérêt à imputer des pertes sur le revenu du ménage si le conjoint à des revenus imposables.

L’impôt ne se calcul pas immédiatement sur le résultat car certaines charges ne sont pas déductibles.

Dans le cadre de l’IS les pertes d’une année sont imputées sur les bénéfices des années suivantes et seul le surplus est imposable.

Il n’est jamais agréable de payer des impôts mais c’est un premier indicateur de santé de l’entreprise.

IL est prévu que l’impôt baisse à 25% ce qui laisse une plus grande part du bénéfice dans l’entreprise pour pouvoir investir.

Evolution

La plupart du temps l’entreprise que vous aurez encore depuis deux ans n’aura rien à voir avec celle que vous aviez imaginée, vous aurez peut-être changé d’associé, … . Tant mieux ce sera parce que  vous aurez su vous adapter et tant pis parce que vous vous faisiez surement une idée fausse.

Créativité, esprit d’initiative, entrepreneuriat

Tout parait plus simple quand on est extérieur au monde de l’entreprise. Tout parait moins simple lorsque l’on découvre les réglementations fiscales , sociales, les normes de sécurité, …

Ne vous découragez pas, en contrepartie vous êtes entourés de conseils (Expert-comptable, avocat) qui connaissent les contraintes mais aussi qui peuvent vous proposer des solutions auxquelles vous n’aviez pas pensé.

 

Le bilan

Il s’agit du document qui va expliquer pourquoi vous avez une telle trésorerie compte tenu de votre résultat. Parce que ce que vous avez en banque ne dépend pas que de votre activité mais aussi de ce que vous avez apporté (le capital le compte courant), de ce que vous avez emprunté à la banque mais aussi du crédit que vous accorde vos fournisseurs, les caisses sociales, du crédit que vous accordez vous même à vos clients, des investissements que vous avez fait, …

Le bilan est aussi classé par ordre de liquidité. En haut à gauche (au débit) ce qui ne se transformera pas rapidement en trésorerie (les investissements en immobilisations, le dépôt de caution de votre loyer), en haut à droite (au crédit) ce que vous ne paierez pas à court ou moyen terme (le capital, les réserves, les emprunts). Et plus vous descendez dans les colonnes du bilan et plus vous encaisserez (les clients, le stock, …) ou décaisserez tôt (les fournisseurs, les caisses sociales, …).

Ce document vous permet ainsi de vous assurer que ce que vous avez investi et qui produira de la valeur sur plusieurs années pour au moins rembourser ce qu’il a coûté (une machine par exemple) sera financé par échéancier qui prend en compte ce retour long sur investissement. C’est le fonds de roulement.

De même vous constaterez dans ce document l’équilibre entre les dettes fournisseurs et les créances clients. Si vous devez payer vos fournisseurs un peu avant d’avoir encaissé vos clients il va falloir prévoir un financement pour couvrir ce décalage. C’est le Besoin en Fonds de Roulement (BFR).

 

Le compte de résultat

Il s’agit du document qui synthétise les charges (achats de marchandises, salaires, …) et produits (chiffre d’affaires, …) de l’année. Le différentiel détermine le résultat. Le résultat peut être un bénéfice ou une perte. Vous retrouverez ce montant dans le bilan car il contribue à expliquer l’origine de votre trésorerie.

Les charges et produits sont regroupés en exploitation (ce qui concerne l’activité de l’entreprise), en financier (ce qui concerne le coût du financement et éventuellement le rendement des placements) et l’exceptionnel.

Avec ce document vous pouvez définir votre marge, l’EBITDA, … et d’autres indicateurs que vous expliquera votre expert-comptable.